Penser à la place des autres | Attention Danger !
Pensez-vous souvent à la place des autres en étant convaincu que vous avez raison ? Combien de quiproquos, de malentendus, d’incidents diplomatiques auriez-vous pu éviter si vous aviez vraiment écouté l’autre ? Combien de réactions avez-vous eues qui étaient à côté de la plaque, juste parce que vous avez pensé à la place de l’autre ? D’ailleurs, la lecture de pensées et les confusions qui en découlent sont un terreau fertile pour les vaudevilles ! Si c’est effectivement très drôle au théâtre, ça l’est un peu moins dans la vie. Penser à la place des autres peut même, d’une certaine manière, devenir dangereux. Pourquoi ? Lisez ce qui suit, je vous explique tout !
Qu’est-ce que la lecture de pensées ?
La lecture de pensées est une distorsion par laquelle nous interprétons ce que nous voyons, entendons et percevons des messages verbaux et non verbaux de nos interlocuteurs. Nous tirons des conclusions en fonction de notre propre système de pensées. Cela suppose donc que l’autre a le même système que nous. On pourrait dire que la lecture de pensées est d’une certaine façon un peu égocentrique…
Évidemment, je vous entends déjà : « Oui mais parfois c’est vrai ! Je le/la connais ! » Oui, il y a sûrement des moments où vous ne vous plantez pas. On finit par connaître son conjoint, sa famille, ses amis, etc. Mais bon nombre de conflits peuvent être évités en cherchant à mieux comprendre l’autre. Bien connaître quelqu’un ne vous donne pas le droit de penser à sa place.
De plus, les interprétations que vous faites dépendent de votre humeur, de ce qui vous traverse l’esprit à ce moment-là, de ce que vous avez déjà vécu comme expérience à tel ou tel moment avec une personne… Ce que vous dit votre interlocuteur, ses expressions, ses mimiques dépendent d’à peu près autant de facteurs que le nombre de brins d’herbe sur un terrain de foot !
Pourquoi a-t-on tendance à penser à la place des autres ?
Anticiper, tirer des conclusions hâtives, penser qu’en lisant ou en entendant ceci ou cela, le récepteur de votre message va se dire telle ou telle chose, ça s’appelle du vol de pensées ! C’est une façon de prendre le pouvoir sur l’autre en le privant de sa liberté de penser. Je sais, ce n’est pas votre intention. D’ailleurs, quelle est votre intention quand vous faites de la lecture de pensées ?
On peut avoir tendance à se mettre dans la tête des autres pour différentes raisons :
- Pour se protéger face à une éventuelle attaque ;
- Pour être prêt(e) à réagir ;
- Pour tenter de correspondre à ce que l’autre attend de nous ;
- Pour entendre ce que l’on a envie d’entendre ;
- Pour vérifier l’honnêteté de notre interlocuteur ;
- Etc.
« S’il/elle a dit ça, c’est sûrement parce que… ; je ne vais pas dire ça parce qu’il/elle va penser que… ; je n’oserais jamais lui dire ça, je vais certainement me faire remballer… » STOOOOP ! Si vous avez quelque chose à dire, dites-le sans priver l’autre de sa liberté de réponse. Comment pouvez-vous anticiper toutes les réactions de tout le monde ? On est souvent très surpris quand on prend la peine de s’intéresser vraiment à l’autre. Si vous avez un doute sur ce que quelqu’un a dit, posez-lui une question pour vous assurer d’avoir bien compris. Ne partez pas dans des délires dignes de Woody Allen ! Ne faites pas de recoupements tordus. Vous allez voir, vous vous porterez bien mieux et vos relations aussi.
Pourquoi anticiper certaines pensées ou réactions des autres peut-il devenir dangereux pour vous ?
Penser à la place des autres peut, d’une certaine manière, devenir dangereux. En prenant la parole à la place de l’autre, en anticipant ses réactions ou encore en se justifiant avant même de savoir si c’est nécessaire, on lève le voile sur certaines de nos croyances et sur nos petits défauts. Si vous tombez sur un interlocuteur malhonnête, cela peut finir par vous porter préjudice.
Donner le bâton pour se faire battre
Faire de la lecture de pensées peut être une façon de donner le bâton pour se faire battre. Je vous donne un exemple : j’ai reçu un mail cette semaine de quelqu’un qui me demandait une référence de livre. Dans la demande concernant le livre, il n’y avait pas de formule de politesse. Cette personne m’a donc renvoyé un autre mail disant « J’ai oublié le s’il vous plaît. Pour ma défense, je suis en réunion ». Alors, oui, un « s’il vous plaît », c’est toujours bien. Là n’est pas la question…
En réalité, personnellement, je n’avais rien remarqué d’anormal. Son mail ne m’avait absolument pas interpellé. Ce qui est interpellant, c’est que cet échange de mails aurait pu nous faire tomber dans un piège relationnel dans lequel il me donnait tout le loisir de le « battre ». Il avait anticipé (lecture de pensées) que je remarquerais l’absence de la formule de politesse et que, peut-être, j’en serais « choquée ». De plus, il s’est défendu avant même d’être attaqué. Faites ça face à un manipulateur et c’est parti pour la gloire ! L’interprétation et l’anticipation donnent à l’autre tout le loisir et le pouvoir de vous embarquer dans les pièges relationnels qui rendent les relations bien compliquées.
Mettre en lumière vos petits défauts
Il n’y a pas que face aux manipulateurs que cette situation est dangereuse. Dans tous les types de relation, ce genre de schéma est risqué. Anticiper les réactions des autres, c’est glisser sur la pente de la justification inutile et des réactions inadéquates. Ne faites pas vous-même la lumière sur quelque chose que l’autre n’aurait même pas remarqué chez vous.
La lecture de pensées oriente forcément vos réactions et les questions que vous posez puisque, instinctivement, nous cherchons toutes et tous à valider nos croyances. Laissez de la place au mode de pensée de vos interlocuteurs. Intéressez-vous à eux. Assurez-vous que vous avez bien compris et reformulez ses propos si nécessaire. Et, surtout, laissez-lui la liberté de répondre et de penser à sa propre façon ! Ses pensées ne vous appartiennent pas, vous n’êtes pas dans sa tête !
Je vais conclure avec une phrase qui m’interpelle beaucoup en matière de communication. Elle est de Bernard Werber : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous entendez, ce que vous comprenez… Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même… » Ça en fait des bonnes raisons d’éviter la lecture de pensées, non ?
Vous pensez toujours à la place des autres ? Vous pensez avoir des problèmes de communications avec les autres ? Vous pensez être manipulé(e) ? On peut en parler ensemble si vous le désirez ! Envoyez-moi un mail à [email protected] ou rendez-vous sur la rubrique contact du site.