Consentement : quelles sont les limites à ne pas franchir ?
Si vous vous intéressez, même de loin, au féminisme, aux révolutions sexuelles et à la violence masculine, le mot “consentement” est forcément venu sur votre chemin.
Pour celles et ceux qui débarquent dans le sujet, ce mot est fondamental. Du point de vue de la loi, une relation sexuelle non consentie est un crime. Mais nous savons qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des condamnations. Pour que cette notion de consentement continue à se répandre largement, nous devons toutes et tous être bien au clair avec le sujet.
Qu’est-ce que le principe de consentement ?
C’est une notion difficile à définir une fois pour toutes, et encore plus difficile à intégrer dans la sexualité. Consentir, c’est dire oui, accepter un accord, mais qui implique que toutes les parties ont la liberté de dire oui… ou de dire non. Cette liberté repose sur une forme d’égalité, sur le même accès aux informations liées à ce “contrat”.
En médecine, par exemple, on parle de consentement éclairé d’un patient qui est obtenu une fois que le patient a pris connaissance de toutes les informations nécessaires et de toutes les options possibles. Le consentement s’obtient sans menace, sans contrainte, sans rapport de force et sans prise de pouvoir.
C’est là que le consentement en termes de sexualité devient compliqué. Une femme qui consent à un rapport sexuel avec son mari n’est pas forcément libre de dire non. Ce n’est pas un secret : la sexualité des femmes a longtemps été considérée comme un outil, un moyen pour satisfaire la sexualité des hommes. D’ailleurs, les femmes ne sont toujours pas en pleine possession de leur sexualité. Il suffit de regarder le nombre de plaintes pour viol et agressions sexuelles. Le rapport de domination qui existe entre les hommes et les femmes fragilise cette notion de consentement qui ne peut se réduire à dire oui ou non.
Dire oui à un rapport sexuel par peur d’être trompée, insultée, frappée ou ridiculisée, est-il vraiment un consentement ? Pour que ce soit un vrai “oui”, la relation devrait être garantie sans rapport de force, sans peur, sans crainte de décevoir, sans sentiment d’obligation… Oui, je sais, il y a du boulot !
Quelles sont les limites à ne pas franchir ?
Les plus claires, selon moi, sont celles de la contrainte et de la violence. Il me semble évident qu’un consentement obtenu par de la violence et de la menace, n’est pas un consentement. Je suis toujours stupéfaite, quand j’écoute les témoignages en consultation, de m’entendre raconter des dépôts de plainte lors desquels la police demande, alors que la victime explique la violence subie, si elle a dit clairement “non” !? Sans rire ! Je me demande sur quelle planète vivent les gens qui posent ce genre de questions…
Pour le reste, comme je vous le disais en première partie, c’est plus difficile à trancher tant le consentement libre et éclairé doit répondre à certaines conditions.
Que dit la loi ?
En fait, je n’ai pas très envie de m’aventurer sur cette question de la loi. D’abord, parce que je ne suis pas juriste. Ensuite parce que vu le peu de condamnations obtenues par rapport au nombre de plaintes déposées (en France, par exemple, seuls 0,6 % des violeurs sont condamnés), franchement la loi ne m’apparaît pas comme étant le garde-fou miracle !
Il est interdit de conduire en ayant bu, de brûler un feu rouge, d’utiliser son téléphone au volant, de rouler trop vite, etc. Pourtant, nous le faisons tous.tes ou l’avons tous.tes fait au moins une fois.
Agresser, violer, frapper ou tuer sont aussi des choses interdites par la loi. Vous voyez où je veux en venir ? En France, une femme meurt sous les coups de son (ex) conjoint tous les 2,5 jours. Cela signifie-t-il que cet acte est aussi banal qu’un excès de vitesse ?
Pour moi, le consentement est une notion fondamentale qui doit faire partie d’une refonte totale de la société et de son patriarcat.
Le consentement chez les adultes : allons-nous devoir signer des contrats avant d’avoir un rapport sexuel ?
Certains, et parfois certaines, ironisent quand ils/elles entendent parler de consentement. Parmi les remarques sexistes, patriarcales et médiocres que j’entends, la fameuse “Et quoi, on va devoir signer un contrat avant de baiser ?” est l’une de celles qui génère en moi le plus d’idées de répliques où l’envie de tenir une batte de baseball entre les mains me démange !
Dans une relation qui dure un peu, dans laquelle les rapports sexuels sont répétés, il est important de parler du consentement, de la liberté que les partenaires ressentent à dire non, à exprimer leurs envies ou leurs non-envies. Un dialogue s’installe et il n’est, dès lors, pas nécessaire de faire signer quoi que ce soit !
Le consentement, c’est un accord volontaire pour faire quelque chose. Quand il s’agit de relations sexuelles, c’est l’accord qu’une personne donne à son ou sa partenaire pour participer à une activité sexuelle. Le consentement est impératif. Sinon, on parle de violence sexuelle. Dans une relation unique, il est d’autant plus important de s’assurer que le/la partenaire soit d’accord, que tout est ok pour elle/lui, que tout va bien.
Le problème, c’est que, tant que la sexualité sera soumise à une forme de rapport de force, de pression et de chantage, le consentement ne sera jamais libre. Et tant que les femmes n’auront pas pris conscience que leur sexualité leur appartient et qu’elles ne sont pas un outil de satisfaction destiné à ces messieurs, le consentement ne sera pas libre non plus. Ce sont ces constructions qu’il faut déconstruire pour arriver à un consentement parfait.
Si je ne dit pas clairement “non”, est-ce un viol ?
Comment dire clairement non lorsque l’on subit la pression de la violence ? Dans ces cas-là, le “oui” est-il un vrai “oui” ? Il est important de savoir que l’absence de non ne veut pas dire qu’on est d’accord ! Le silence ou l’absence de “non” ne constitue pas un “oui”.
Ce que j’ai envie de vous dire à ce stade, mesdames, c’est que le consentement se joue d’abord de vous à vous. Je n’ai jamais subi de rapport forcé, mais j’ai parfois accepté un rapport par peur ou par ce sentiment d’obligation que les femmes ressentent. J’étais moi-même fidèle aux conditionnements que les femmes subissent et dire “non” ne me venait même pas à l’esprit.
Peur d’être traitée d’allumeuse, peur de passer pour une frigide, peur de frustrer l’autre, peur d’être trompée… sont tellement d’éléments qui brouillent la ligne du consentement. Les femmes ont un travail de réappropriation de leur corps à faire et les hommes doivent apprendre que les femmes ne sont pas des objets qu’ils peuvent contraindre. Heureusement, le mouvement est en marche !
Le mouvement #metoo qui a poussé les femmes à sortir du silence
#metoo a été une révolution. Les chiffres de viol, d’agressions sexuelles, de plaintes et de condamnations n’ont pas changé malheureusement. Mais la parole des femmes s’est libérée et ça a marqué le début d’une réappropriation de soi et de sa sexualité pour beaucoup d’entre elles.
Ce mouvement, lancé en octobre 2017 aux USA, aura aussi permis de mettre en avant la pression, les chantages et les menaces exercées par certains hommes de pouvoir pour contraindre les femmes. Avec ce hashtag, l’ampleur de la domination s’est un peu révélée au grand public et aura, au moins, permis à des millions de femmes de se rendre compte des relations de domination dans lesquelles elles étaient enfermées.
Le consentement est une notion vaste, large et qui nécessite de repenser la sexualité, les relations et le patriarcat. Je vous invite, pour continuer ce mouvement de révolution, à vous interroger de vous à vous sur vos rapports sexuels en vous demandant si votre consentement est si libre que ça…
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