Carte blanche – SAJ, SPJ, intervenants, justice, expert.e.s, avocat.e.s et particulièrement à l’administratrice générale du SAJ, Madame Valérie Devis, quand allez-vous vous réveiller ?
Aujourd’hui, c’en est trop. Prenant mon courage à deux mains après ma journée de consultations, je regarde le numéro de #investigation consacré aux services d’aide à la jeunesse. Non pas que j’aime faire des heures sup., mais je suis souvent curieuse de voir comment les médias communiquent sur le fléau de la maltraitance institutionnelle.
Oui, j’entre tout de suite dans le vif du sujet ! Parce que c’est bien de cela qu’on parle : maltraitance institutionnelle ! Et quand j’entends Madame Valérie Devis et que je vois le sourire qu’elle affiche pour parler des « professionnels » des services d’aide à la jeunesse, j’ai envie de tout casser. Et je ne vais pas prendre la peine de dire que, bien sûr, il y a des gens compétents dans ces milieux. Simplement parce que j’en ai marre de devoir prendre des précautions pour exprimer ma rage envers ce système qui n’en prend pas face à la détresse de certaines mères et de leurs enfants.
Oui, cette carte blanche est un parti pris ! Un parti pris assumé et assuré pour toutes ces mères qui voient le système se retourner contre elles quand elles essayent de protéger leurs enfants. Les récits de vie abordés dans cette émission de la RTBF sont mon lot quotidien. Je les entends tous les jours et tous les jours, j’ai envie de hurler !
Chaque jour, je sèche les larmes de mères inquiètes qui finissent par oser porter plainte, alerter les services sociaux, demander de l’aide face aux traces physiques et psychologiques de maltraitances visibles sur leurs enfants. À vrai dire, je ne sèche pas tant de larmes, parce que ce sont des guerrières. Des boxeuses tuméfiées qui se relèvent après chaque coup que leur porte le système qui ne les croit pas et, de surcroît, les place en bourreau de leur histoire et de leurs enfants.
Un système perverti par le patriarcat, oui encore lui et je ne compte pas m’excuser non plus de le dire ! Ce patriarcat protège les hommes et réduit les femmes à des menteuses, fusionnelles, aliénantes, atteintes du syndrome de Münchausen par procuration, ne laissant pas la place aux pères. De qui se moque-t-on ? Madame Devis, comment osez-vous affirmer avec le sourire que vos services ne s’embarquent pas dans cette théorie fumeuse de l’aliénation parentale ? Elle est pire que la peste, la gangrène, la pourriture qui s’infiltre dans une plaie purulente. Vos services et leurs intervenants n’ont que ce mot-là à la bouche, dans les situations de violence : mère aliénante !
Comment osez-vous parler de l’intérêt suprême des enfants quand on sait que leur parole est quasi systématiquement mise en doute, invalidée, reléguée dans la panoplie des mensonges de leurs mères hystériques qui ont, décidément, de la suite dans les idées ?! C’est indécent. Nauséabond. Complètement à côté de la plaque ! Dangereux, pervers et tellement irrespectueux.
Cela fait maintenant 13 ans que je fais ce métier et que je retape des femmes entraînées dans un engrenage surréaliste qui ne cesse d’alimenter la toute-puissance du dominant face aux dominées. Je peux vous en donner des exemples… Des milliers ! J’ai fait un calcul rapide et des histoires comme ça, j’en ai entendu des milliers. Des vies sacrifiées au nom de l’aveuglement de ce système qui ne se remet pas en question ou beaucoup trop peu et beaucoup trop lentement.
Si un enfant exprime le fait qu’il ne veut pas aller chez son père, ce système se retourne contre la mère en disant : « Mais madame, vous devez y mettre du vôtre pour que vos enfants aient envie d’aller chez leur père ! » De ma carrière, JAMAIS je n’ai entendu que l’on se retournait contre le père en disant : « Monsieur, que faites-vous pour que vos enfants aient envie de venir chez vous ? »
Si une mère fait appel au système en dénonçant des violences faites à leurs enfants, elles sont traitées de mères aliénantes qui refusent de laisser la place au père et menacées du placement de leurs enfants parce qu’elles sont incapables de sortir du fameux conflit parental. Je n’en peux plus d’être confrontée à ce discours automatique qui manque d’intelligence, de professionnalisme et de mise à jour ! Qu’on se le dise : l’aliénation parentale est une théorie qui a été pondue par un malade mental pro pédophile et pervers. Tapez donc « Richard Gardner » sur Google et on en reparle.
Ces mères finissent par se remettre tellement en question face au système qui les traite tout simplement de menteuses, qu’elles se demandent sincèrement si elles ne s’inquiètent pas trop finalement.
Ces mères, dans une situation précaire le plus souvent, sont face à moi, payent leurs séances après avoir été ruinées par des procédures judiciaires qui les ont détruites, humiliées et anéanties. Ces mères qui se voient, parfois, privées de leurs enfants sans raison objective, du jour au lendemain, dans des circonstances violentes et de l’ordre du complot patriarcal. Allez-y les trolls, traitez-moi d’obsessionnelle du patriarcat, je m’en tape !
OUI, ces drames sont, encore, des conséquences d’un système trop bien rodé en termes de protection des agresseurs. Je vous épargne les chiffres, les plaintes classées sans suite, la façon dont les services de police, de justice, sociaux et le réseau des expert.e.s accueillent les victimes. Je suis fatiguée d’être rongée par les incompétences, les injustices, les drames qui auraient pu être évités.
Franchement, il est grand temps que tout ce petit monde se mette à jour et récupère de l’esprit critique. Ou que ce petit monde me dise ce que je peux dire à ces femmes victimes d’un ex violent et d’un système violent… Vous comptez faire quoi exactement ? Vous, les ministres qui êtes tellement nombreux pour le même sujet en Belgique ?! Le monde institutionnel ?! Vous foutez quoi, sérieux ?!
Les juges, procureurs, expert.e.s auprès des tribunaux, intervenants sociaux du SAJ, SPJ, des visites encadrées, des ateliers du lien et toute cette panoplie, qu’attendez-vous pour protéger les enfants ? Qu’attendez-vous pour sortir de votre paresse intellectuelle et pour changer de disque ? Qu’attendez-vous pour entendre vos collègues qui essaient de vous expliquer que, peut-être, il faut voir les choses sous un autre angle ?
Heureusement, chaque jour, la force, le courage, la patience et l’amour de ces femmes me remplissent d’admiration. C’est incontestablement le meilleur carburant pour continuer ce métier parfois difficile. Merci à elles pour leur confiance. Je sais que le système qui les abîme leur fait perdre la foi et se méfier des personnes qui font ce métier. Je suis, chaque jour, reconnaissante de recevoir ce cadeau qu’elles me font : m’accorder leur confiance. Je veux vous dire, à vous les victimes : JE VOUS CROIS !
PS : C’est pareil partout où le patriarcat est la norme.
J’ai écrit cet article comme un cri du cœur après avoir vu une émission télé, il fallait que ça sorte ! S’il a remué des choses en vous et que vous voulez en savoir plus sur le sujet avec des articles “plus approfondis”, je vous invite à lire ceci :