#MeToo : la naissance d’un mouvement féministe mondial !
Le 5 octobre 2017, dans le New York Times, des femmes accusent Harvey Weinstein de harcèlement et d’agressions sexuelles. Ce dernier sera d’ailleurs condamné à 23 ans de réclusion pour agression sexuelle et viol. Ce jour marque le début de la propagation du hashtag #MeToo (en français “Moi aussi”) sur les réseaux sociaux. Des milliers de femmes le relaient pour témoigner de violences sexuelles dont elles ont été victimes. En quelques heures seulement, #MeToo devient viral : un mouvement féministe mondial est né ! Cinq ans après, quel est l’impact de ce mouvement ? A-t-il changé certaines choses ? Où en est-on ? C’est à toutes ces questions que je réponds dans cet article.
Qui est à l’origine de #MeToo ?
En réalité, le mouvement est né en 2006. Le hashtag #MeToo a été créé par l’afro-américaine Tarana Burke pour aider les femmes victimes de violences sexuelles, notamment les femmes des “minorités visibles” (entendez par-là : celles qui n’ont pas la peau blanche).
C’est Alyssa Milano qui relance le mouvement en 2017. Avec elle, Asia Argento et bien d’autres femmes du monde des médias, de l’industrie du loisir et du monde politique donne alors un nouveau souffle au hashtag #MeToo.
Ce “#MeToo 2” comme on l’appelle parfois, redémarre suite aux accusations de nombreuses actrices à l’égard de Harvey Weinstein pour harcèlement et agressions sexuelles. Lors d’une émission TV de grande écoute, Alyssa Milano invite toutes les femmes qui ont subi ce genre de sévices à faire entendre leurs voix sur les réseaux sociaux par le fameux hashtag #MeToo. Des centaines de milliers de femmes, célèbres et anonymes, se lancent alors et libèrent leur parole.
Si le mouvement démarre sa course aux USA, il se répand très rapidement en France sous le hashtag #balancetonporc. De ce côté-ci du globe, les femmes sortent aussi du silence. Adèle Haenel, Florence Foresti, Angèle et Camille Kouchner sont quelques-unes des figures marquantes qui donneront un retentissement supplémentaire à la version européenne du mouvement.
Quel impact le mouvement #MeToo a-t-il eu sur les femmes ?
C’est un véritable raz-de-marée sur les réseaux sociaux ! Les actrices à l’origine du mouvement n’en reviennent pas elles-mêmes. Elles ne s’attendaient pas à une telle ampleur. En France, le mouvement est énorme. En Belgique, il y a moins de remous, mais la place médiatique prise par ce hashtag est telle que peu de monde passe à côté.
Selon moi, le mouvement #MeToo aura au moins permis à des centaines de milliers de femmes de se libérer d’un secret qu’elle n’aurait jamais dû porter seule. Ce mouvement a aussi un impact positif sur celles qui n’osent pas s’exprimer : il leur permet de voir qu’elles ne sont pas les seules à vivre ça et de se rendre compte que ce n’est pas normal.
Il me semble aussi que ce mouvement aura permis de démarrer la remise en question plus profonde du système patriarcal et donc, de la domination des hommes sur les femmes. L’une des choses extrêmement positives de ce #MeToo est qu’il ouvre les portes des autres domaines où les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes : le travail, le couple, la politique, la sexualité…
C’est un peu comme si ce système de domination était révélé au grand public grâce à ce mouvement. On en parle, cela provoque des conversations animées, on se rend compte que la plupart des femmes ont déjà subi des faits de harcèlement… En fait, on réalise que beaucoup d’hommes sont des agresseurs. C’est un peu un “WAKE-UP” général !
Qu’est-ce qui a réellement changé en 5 ans ?
C’est là que ça devient moins drôle… Le curseur de l’acceptable a été déplacé, certes, en tout cas chez certaines et certains. Mais pas partout et pas là où ça me semble essentiel !
Oui, la parole des femmes s’est libérée. Le débat s’est amplifié. Les violences faites aux femmes sont devenues un sujet à part entière. Le consentement revient au-devant de la scène dans un couple… Il y a de grandes remises en question quant au fossé qui sépare les égalités hommes-femmes, des prises de conscience… Mais dans les faits, qu’est-ce qui a changé ?
Voici quelques chiffres relevés par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes :
- Hausse de 33 % des violences sexuelles ;
- 80 % de plaintes classées sans suite ;
- 1 % des plaintes aboutissent à une condamnation pénale ;
- Diminution de 40 % des condamnations pénales pour viol.
Voilà le bilan 5 ans après #MeToo…
En 2017, un président français déclare les violences faites aux femmes comme grande cause du quinquennat. Le même président nomme des ministres accusés de viols, d’agressions sexuelles et de harcèlement en 2022… Permettez-moi l’expression, mais moi ça me donne quand même un goût amer de foutage de gueule !
#MeToo en 2022, où en est-on ?
Il y a encore du boulot ! Les mentalités changent, mais lentement, trop lentement. Encore trop de banalisations des violences, de protection du système envers les agresseurs présumés, de manque de moyens de la justice et voire même de manque de volonté pour certain.e.s.
La libération de la parole des femmes n’a pas empêché sa remise en cause quasi systématique. Sous le spectre protecteur de la présomption d’innocence, se cachent de nouveaux moyens de faire taire les femmes. Les chiffres d’agressions ont augmenté et ceux des condamnations diminuent : cherchez l’erreur !
Cependant, beaucoup de femmes ont compris que quelque chose n’allait pas et qu’elles avaient le droit de dire non, de parler et de dénoncer. C’est une bonne chose, nous sommes d’accord. Mais il est temps que la mise à jour générale se fasse !
Que peut-on encore faire de plus ?
Comme on dit : “Il y a du chemin parcouru, mais il reste encore du chemin à parcourir !”. Personnellement, je dirai que les priorités sont :
- Continuer à éveiller nos consciences, à débattre, à bouger le curseur de l’inacceptable, à s’interroger sur ce qu’on accepte par pression sociale.
- Être acteur.trice du changement en étant attentif.ve chaque jour au sexisme ancré dans nos habitudes, nos expressions et nos croyances.
- Ne jamais remettre en cause une femme qui raconte des violences.
- Et… Ne rien lâcher ! Nous n’avons plus de temps à perdre en compréhension, patience, tolérance, etc. Il est urgent que les choses bougent et nous n’avons plus le temps d’être patientes !
Je suis Julie Arcoulin. Je suis consultante, auteure, conférencière et formatrice. Je propose des clés, des outils concrets et des réflexions permettant à chacun de trouver le chemin de la liberté et de la reconstruction.
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