Le Slowpreneuriat | Travailler Moins, mais Mieux !

Laure Dodier et le slowpreneuriat
Dans ce nouvel épisode de “T’es pas toute seule”, j’ai eu le plaisir d’accueillir Laure Dodier au micro. Laure, fondatrice de “Ma Slow Boîte”, nous propose une réflexion de fond sur la manière dont on bosse comme des dingues. Pour elle, il est tout à fait possible de faire autrement et elle accompagne les entrepreneurs et les entrepreneuses sur le chemin du ralentissement qui permet de faire de l’espace aux autres plaisirs de la vie. C’est ce que l’on appelle le slowpreneuriat… Le slowpreneuriat, c’est l’art de faire moins, mais de le faire mieux ! C’est aussi choisir de s’imposer un rythme plus doux quand on est freelance. J’ai adoré cet épisode avec Laure ! Je vous laisse découvrir quelques bribes de notre interview. Pour écouter l’épisode dans son intégralité, rendez-vous sur mon compte Insta @julie_arcoulin où vous trouverez tous les liens utiles en bio !
Qui est Laure Dodier ?
Laure Dodier, 38 ans et maman de deux garçons, a démarré en freelance en 2017 dans la gestion de projets en communication. En 2021, elle a choisi de réorienter son activité pour se consacrer entièrement au slowpreneuriat. Pourquoi ? En réalité, Laure a adopté ce mode de travail en 2019 lorsqu’elle a ressenti la nécessité de concilier ses responsabilités professionnelles et personnelles de manière plus harmonieuse, surtout avec un bébé d’un an à gérer à ce moment-là. Ayant déjà traversé un burn-out, elle a compris l’importance de simplifier son business pour préserver son bien-être. Ce cheminement l’a poussée à vouloir partager son expérience avec d’autres et désormais, elle souhaite faire connaître le slowpreneuriat à plus grande échelle, convaincue que cette approche, bien que moins visible et crédible pour certains, répond à un besoin urgent dans le monde entrepreneurial.
C’est quoi le slowpreneuriat ?
Le slowpreneuriat, c’est une manière d’entreprendre en prenant en compte sa propre réalité, en s’adaptant à ses contraintes personnelles et professionnelles. Inspiré du mouvement “slow” qu’on retrouve dans la slow food ou la slow fashion, l’idée n’est pas de travailler plus lentement, mais de revenir à un rythme plus humain, plus durable. Ce modèle permet de construire un business en tenant compte de plusieurs paramètres : son rythme naturel, son état de santé, sa vie de famille, son niveau de stress ou encore ses talents et compétences propres.
Là où l’entrepreneuriat traditionnel ou le modèle start-up imposent souvent des normes rigides auxquelles il faut s’adapter, le slowpreneuriat propose une alternative plus flexible. Il permet de concilier vie professionnelle et réalité personnelle, sans sacrifier l’une pour l’autre. Par exemple, si l’on traverse une période de forte fatigue, on adapte son travail à ce rythme, au lieu d’essayer de se conformer à des standards qui ne nous conviennent pas.
Ce n’est pas une question de lenteur, mais plutôt d’efficacité et de durabilité. On se rend compte que lorsqu’on adapte son travail à sa propre réalité, on peut obtenir de meilleurs résultats tout en travaillant moins. C’est cette idée de “faire mieux avec moins” qui est au cœur du slowpreneuriat : créer un business qui respecte nos besoins et qui nous permet d’être performants sur le long terme, sans s’épuiser à suivre des modèles inadaptés.
Le slowpreneuriat, c’est bien plus qu’une question de rythme !
Comme me l’a très bien expliqué Laure dans le podcast, le slowpreneuriat ne se limite pas à adapter son rythme de travail. C’est une approche globale qui touche à tous les aspects de l’entrepreneuriat : les clients que l’on choisit, les méthodes de travail que l’on adopte ou encore les projets sur lesquels on décide de s’investir. L’idée va bien au-delà de simplement ralentir. Il s’agit aussi de réduire le stress, de privilégier la collaboration plutôt que la compétition et de faire des choix qui apportent plus de bien-être au quotidien. En somme, le slowpreneuriat prône une manière d’entreprendre plus humaine, où l’on accepte d’être simplement des humains, loin de la course à la performance.
Accepter son mode de fonctionnement pour mieux entreprendre
Dans ma propre expérience, je me suis souvent rendu compte que je fonctionne par périodes : j’alterne entre des phases de grande productivité et d’autres plus calmes. Cet été, par exemple, j’ai fait une très longue pause et ça m’a fait du bien ! Mais… En même temps, on peut culpabiliser de ne rien faire et se dire que ce n’est pas normal. À ce sujet, Laure m’a ouvert les yeux sur le fait que ce fonctionnement cyclique peut être non seulement normal, mais aussi essentiel à mon bien-être en tant qu’entrepreneuse. Elle m’a expliqué que ces fluctuations ne doivent pas être perçues comme des faiblesses ou des moments d’inactivité, mais plutôt comme des opportunités de ressourcement. En fait, lorsque nous acceptons notre propre rythme, sans nous laisser envahir par la culpabilité, nous pouvons trouver un équilibre précieux entre les périodes de travail intense et celles de récupération. De plus, elle a souligné que cette variabilité est une réalité pour beaucoup d’entre nous, influencée par des facteurs individuels et saisonniers (en hiver par exemple, beaucoup vivent au ralenti…). En reconnaissant que chacun a son propre mode de fonctionnement, nous pouvons mieux adapter notre approche de l’entrepreneuriat tout en préservant notre santé mentale et physique. En fait, ce qui n’est pas normal, c’est de ressentir de l’inconfort…
Bien que la société tende à valoriser cette notion d’inconfort comme un signe d’effort ou de dépassement de soi, il s’agit en réalité d’un indicateur que la situation n’est pas adaptée. Nous sommes souvent confrontés à des inconforts inévitables liés à notre environnement ou aux attentes des autres. Cependant, lorsqu’il s’agit de notre manière de travailler, de nos choix de projets et de clients, nous avons la possibilité d’agir ! Si nous ressentons de l’inconfort dans ces domaines, c’est le signe qu’il y a des ajustements à envisager pour aligner notre activité avec notre véritable mode de fonctionnement.
Le slowpreneuriat : un modèle encore trop peu connu…
Le slowpreneuriat reste un concept peu connu ; actuellement, les personnes qui l’ont adopté l’ont fait plus par besoin que par envie. Laure Dodier, en mettant ce modèle en avant, en en parlant, souhaite éveiller les consciences sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de se plier aux standards habituels du travail, souvent axés sur des journées de plus de dix heures et une pression constante, pour réussir. Pour de nombreux entrepreneurs qui choisissent cette voie, le besoin de réduire le stress et d’adopter un rythme de vie plus sain prend le pas sur les attentes sociétales. En rendant visible ce mode de travail, Laure ouvre la porte à une réflexion sur la manière dont nous définissons le succès. Elle démontre qu’il est possible d’entreprendre sans être enfermé dans un cycle de surmenage et que l’affirmation de soi passe aussi par le choix d’un rythme de travail qui nous convient réellement. En popularisant le slowpreneuriat, elle invite chacun à envisager une nouvelle approche de l’entrepreneuriat, loin des injonctions à la performance !
Le slowpreneuriat : une nouvelle approche de la richesse
Laure Dodier dresse un constat alarmant sur l’état actuel du monde du travail. De plus en plus de personnes s’épuisent sous la pression d’un système qui privilégie la richesse matérielle au détriment de l’humain. Alors que la course à l’argent domine les mentalités, Laure appelle à repenser notre approche de la richesse. Elle souligne qu’aujourd’hui, il est possible de trouver de la richesse ailleurs, notamment à travers des relations de qualité, un impact positif sur les autres et un équilibre de vie satisfaisant. Le slowpreneuriat s’inscrit parfaitement dans cette dynamique, car il encourage à ne pas se soumettre à la logique du “toujours plus”, mais plutôt à valoriser ce qui enrichit vraiment notre existence. Il s’agit de réévaluer nos priorités : atteindre un niveau de confort suffisant pour vivre pleinement, sans avoir besoin de gagner des sommes astronomiques. Laure rappelle qu’une fois les besoins fondamentaux satisfaits, l’argent au-delà d’un certain seuil n’apporte pas nécessairement plus de bonheur. En mettant l’accent sur l’importance de l’impact et des relations humaines, le slowpreneuriat offre une alternative à ceux qui aspirent à une vie professionnelle plus épanouissante, loin des excès de notre société actuelle.
L’importance d’écouter ses besoins en entrepreneuriat
Lors de notre interview, Laure m’a partagé son expérience avec son propre podcast, qu’elle a finalement décidé d’arrêter. Pour elle, le processus d’entrepreneuriat ne doit pas se transformer en contrainte. Elle souligne que lorsqu’un projet devient une obligation, c’est un signal qu’il n’est peut-être pas fait pour elle. Bien qu’elle adore s’exprimer, la régularité imposée par le format du podcast s’est révélée trop contraignante.
Au lieu de persister dans une voie qui ne lui convenait pas, Laure a choisi de se réorienter vers une newsletter, un format qui lui permet de communiquer plus facilement et d’interagir avec son audience. Ce changement illustre une notion essentielle du slowpreneuriat : quand on est entrepreneur/entrepreneuse, il est important de faire ce qui nous convient et pas ce qui est soit disant mieux ou bon de faire aux yeux des autres.
Loin de voir l’arrêt de son podcast comme un échec, elle le considère comme une adaptation nécessaire. L’important, pour Laure, est de trouver un équilibre qui lui permet de s’épanouir sans se forcer. Ainsi, elle nous rappelle que le véritable succès réside dans l’authenticité et le respect de ses propres besoins, plutôt que dans le respect d’une norme imposée.
Comment intégrer le slowpreneuriat dans son activité ?
J’ai demandé à Laure comment intégrer le slowpreneuriat dans son activité… Voici ses conseils pratiques :
Laure recommande de commencer par établir une liste noire des éléments de votre activité qui provoquent inconfort et stress. Cela inclut non seulement les tâches qui semblent inévitables, mais aussi celles qui entravent votre bien-être au quotidien. L’idée est d’identifier les freins sans nécessairement trouver des solutions immédiatement. Une fois cette liste établie, le plus difficile est de choisir une première action à entreprendre. Cela peut être la tâche la plus simple, pour laquelle vous avez déjà une solution ou, au contraire, celle qui vous stresse le plus et sur laquelle vous allez vraiment devoir passer du temps pour trouver une solution.
Par exemple, Laure a constaté qu’elle passait beaucoup trop de temps à rédiger des propositions commerciales. En se questionnant sur les attentes de ses clients, elle a simplifié sa méthode : au lieu de passer une journée entière à créer des documents, elle a opté pour un email structuré avec les informations essentielles. Résultat : elle a réduit son temps de travail par quatre tout en maintenant son taux de conversion.
Ce processus d’amélioration continue, même à petite échelle, entraîne une baisse immédiate du stress et renforce la confiance en soi. Chaque changement positif, même minime, contribue à un mieux-être général et montre que l’on peut développer son activité tout en respectant son rythme.
Une fois la liste noire établie, Laure recommande de faire un test de connaissance de soi grâce à un outil de cartographie gratuit sur Notion (vous retrouverez le lien à la fin du podcast). Cet outil aide à comprendre son mode de fonctionnement et à accepter sa manière de travailler. Évidemment, aucun résultat n’est mauvais ! 😉
Attention, la connaissance de soi, bien que vaste, n’implique pas de tout comprendre en profondeur. Il suffit d’identifier ses préférences et son fonctionnement naturel pour améliorer son quotidien professionnel. Cette compréhension peut expliquer pourquoi certaines tâches ne fonctionnent pas et Laure insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’être “non adapté”, mais plutôt de reconnaître que certaines méthodes ne conviennent pas à notre style de travail. Cette démarche individualisée de réflexion et d’acceptation de soi est essentielle pour s’épanouir en slowpreneuriat !
Un documentaire, un film, une série ou un livre à conseiller ?
Laure m’a recommandé un livre qui, bien qu’il ne traite pas directement de l’entrepreneuriat, offre des perspectives précieuses sur notre rapport à la nature et à la société. Il s’agit de Tresser les herbes sacrées de Robin Wall Kimmerer, une chercheuse en biologie et spécialiste des plantes, qui partage des anecdotes sur son enfance et son lien avec la nature à travers une vision amérindienne.
Dans cet ouvrage, Robin Wall Kimmerer souligne que le progrès de la société n’a pas toujours eu des effets bénéfiques. Elle évoque notamment les pratiques agricoles des Amérindiens qui cultivaient en symbiose le maïs, les haricots et les courges, un principe similaire à celui de la permaculture. Cette approche contrastait avec la monoculture adoptée par les colons européens, qui privilégiait la productivité rapide au détriment d’un rapport plus harmonieux avec la terre. Laure a été touchée par cette réflexion, qui résonne avec l’idée de slowpreneuriat : parfois, il est nécessaire de revenir à des méthodes plus organiques et respectueuses, tant dans notre vie professionnelle que personnelle.
T’es pas toute seule à…
La fameuse dernière question que je pose à toutes mes invitées : “T’es pas toute seule à quoi ?”. Ce à quoi Laure répond : “Tu n’es pas seule à trouver que tout le monde réussit sur Instagram tandis que pour toi, c’est une véritable galère. Et si tu remplaces Instagram par n’importe quelle autre méthode ou outil, tu te rends compte que cela peut sembler facile pour les autres, mais pas pour toi. C’est normal. Chacun fonctionne différemment et il n’existe vraiment aucune méthode universelle qui convienne à tout le monde. Ce n’est pas toi qui es inadaptée, mais plutôt les méthodes et outils qui ne te correspondent pas.”
Un dernier conseil ?
Lors de notre échange, Laure a souligné que suivre un chemin à contre-courant peut être particulièrement difficile. Le conformisme est une tendance humaine et, face à des obstacles, il est facile de se laisser entraîner par ce que font les autres, même si cela n’est pas bénéfique pour soi. Elle conseille de se nourrir de contenus, de lectures et de podcasts qui soutiennent le slowpreneuriat ainsi que de rechercher des personnes partageant cette vision. Cela permet de ne pas se sentir seul et de réaliser que ce mode de vie est viable. Bien qu’il y ait un manque de modèles aujourd’hui, en cherchant activement, on peut en trouver.
Il est aussi important de nourrir son référentiel et de faire preuve de discernement dans sa consommation de contenus. Si certains créateurs de contenu nous poussent à dépasser nos limites sans tenir compte de nos besoins, nous avons le droit de les ignorer. Cela ne signifie pas qu’ils sont de mauvaises personnes, mais simplement qu’ils ne correspondent pas à nos besoins actuels. En cette époque où nous consommons énormément d’informations, il est essentiel de choisir judicieusement ce que nous intégrons afin de mieux naviguer dans ce contre-courant.
Encore un grand merci à Laure pour cet échange que j’ai adoré ! Pour retrouver l’intégralité de l’interview (on y aborde encore plein d’autres sujets très intéressants), rendez-vous sur les plateformes de streaming ou cliquez directement sur le lien dans ma bio Instagram @julie_arcoulin 😉 !
Retrouvez Laure sur Instagram : maslowboite
Son site web : https://www.maslowboite.com/
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