Clouer le bec au patriarcat | Mieux comprendre le male gaze, le mansplaining et le manterrupting
Mon livre “Clouer le bec au patriarcat” est sorti dans toutes les librairies en Belgique, en France, en Suisse et au Canada. Bref, partout où l’on parle français ! Nous avons une mission : déconstruire le patriarcat, ce système oppressant et dominant. Pour ça, rien de tel que de comprendre un peu le jargon utilisé dans les mouvements féministes. Je me souviens, quand j’ai plongé le nez dans ce sujet, avoir un peu galéré avec tous ces termes pour moi alors inconnus. Dans un article précédent, je vous parlais de privilège, d’intersectionnalité et de sexisme. Cette fois, zoom sur le male gaze, le mansplaining et le manterrupting. Qu’est-ce que c’est ?
Le male gaze
Soit : le regard masculin sur les choses… Le concept est théorisé en 1975 par Laura Mulvey, critique de cinéma et réalisatrice anglaise. Le male gaze désigne le fait que les œuvres artistiques dans leur ensemble, notamment le cinéma, nous imposent un regard masculin hétérosexuel. Les femmes ont rarement un rôle principal qui ne tourne pas autour des hommes et des préoccupations adjacentes. Elles sont représentées comme des objets de désir, convoitées par les hommes. Il est rare qu’une femme soit le centre d’une œuvre. Les hommes, quant à eux, sont souvent au centre des récits, actifs et narrateurs de l’action, de l’histoire. Dès lors, la vision des choses, la réflexion et la façon d’aborder le sujet sont principalement hétéro et masculines. Rien qu’en comparant le nombre d’artistes reconnus par rapport au nombre d’artistes reconnues, on ne peut nier que le regard masculin sur les choses prédomine largement.
Amusez-vous à observer les scènes de films et à repérer les façons dont la caméra se place, quasi systématiquement, du point de vue des hommes. Bon, comme d’habitude, une fois qu’on se met à “surveiller” tout ça, on ne voit plus que ça et ça énerve !
Le mansplaining
C’est la contraction de deux mots : man et explaining. Ce mot désigne la tendance particulièrement agaçante qu’ont certains hommes d’expliquer de façon condescendante à une femme ce qu’elle sait déjà. Voire même ce qui est dans son domaine d’expertise, mais dont l’homme ne tient pas compte considérant qu’il sait de toute façon mieux puisqu’il est un homme.
Des équivalents francophones de ce mot ont été suggérés : “mecsplication” en français et, mon préféré, “pénispliquer” en québécois !
La prochaine fois que vous regarderez une émission télé, observez le phénomène. Vous serez effaré.e !
Le manterrupting
Cette fois, le mot est la contraction de “man” et de “interrupt”. Soit, “homme” et “interrompre”. L’exemple classique que l’on cite pour donner un exemple de ce qu’est le manterrupting, est celui du débat présidentiel entre Hillary Clinton et Donald Trump.
En 2016, lors de ce débat, Jessica Bennett, journaliste spécialiste de la question de genre, compte les interruptions respectives des deux protagonistes. Devinez quoi ? Donald Trump a interrompu Hillary Clinton 40 fois contre… Une seule fois pour Hillary Clinton !
Alors, je vous entends déjà me dire : “Oui, mais bon, Donald Trump, il est vraiment grave dans son genre !”. Je ne peux, évidemment, pas vous contredire sur ce point. Mais il ne faut pas s’appeler Trump pour s’autoriser un tel comportement… Malheureusement, cela fait partie des choses “normales”, habituelles, auxquelles les femmes sont confrontées et auxquelles nous n’avions pas vraiment prêté attention jusqu’ici.
Nous sommes tellement ancrés et ancrées dans ce système patriarcal et dans les stéréotypes tellement profonds que tout ceci nous a semblé normal pendant longtemps. Être au clair avec tous ces mécanismes va permettre de les repérer et de ne plus accepter de les subir.
J’espère que ces explications vous semblent utiles et intéressantes. Surtout, il est impératif de diffuser ces infos, de sensibiliser votre entourage et de faire parler de tous ces mécanismes ! Quitte à faire un peu de womansplaining… ????
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