Féminisme

La culture du viol | Qu’est-ce que c’est ?

La culture du viol ou comment en est-on arrivés à banaliser les agressions sexuelles ?

“La culture du viol”… L’association de ces deux mots laisse souvent perplexe. Ce n’est pas facile de se confronter à ce que c’est vraiment et à la façon dont on y participe malgré nous. Pourtant, nous vivons dans une société patriarcale ou la culture du viol est omniprésente. Voici un éclairage sur cette notion et sur comment en sortir.   

Qu’est-ce que la culture du viol ?

 

La culture du viol est composée de l’ensemble des attitudes et comportements partagés au sein d’une société qui visent à minimiser, normaliser, invisibiliser, voire encourager le viol et l’ensemble des violences faites aux femmes. Il s’agit, par exemple, de toutes les phrases et remarques que l’on entend au quotidien à propos des tenues vestimentaires des femmes et de leurs comportements avant ou après une agression sexuelle. 

 

Je vous donne quelques exemples de phrases qui participent à cette culture du viol : 

 

  • “Oui, mais bon, elle avait bu.”
  • “T’as vu comment elle était habillée ?”
  • “Elle n’a pas vraiment dit non, donc bon…”
  • “Les femmes mentent.”
  • “Elle l’a bien cherché cette allumeuse.”

 

Ces phrases, que nous avons tous et toutes déjà entendues, sous-entendent qu’une femme est responsable de son viol parce qu’elle porte certains vêtements, boit de l’alcool, n’a pas vraiment dit non ou a allumé un homme !

 

Dans ce raisonnement, la responsabilité du violeur n’est pas engagée. Comme souvent, quand il s’agit de la violence masculine. Il est effarant de constater que les hommes violents considèrent souvent que la violence infligée à leurs conjointes est de leur faute : “C’est parce qu’elle m’a menti”, “Elle sentait l’alcool”, “Elle m’a poussé à bout”, “Elle m’a provoqué”… Il est très rare que des hommes violents disent “Je suis violent et je prends la responsabilité de mes actes.”

 

Pourquoi ce terme est-il choquant ?

 

Parce qu’il suppose que le viol fait partie de notre culture et qu’être confronté à ça est quand même un peu grinçant et dérangeant. Et pourtant… Il ne s’agit pas seulement de phrases issues de notre pensée formatée par les stéréotypes et les rôles qui sont distribués aux hommes et aux femmes. La culture du viol nous parle de comment on se représente le viol, les victimes de viol et les violeurs. 

 

Le traitement médiatique des viols est très révélateur de la façon dont la société appréhende ce crime. Le violeur est souvent décrit comme un pauvre homme victime de ses démons, de son enfance violente ou même d’un complot. La victime comme allumeuse, alcoolique et ayant des mœurs légères. Je sais, vous avez du mal à me croire. Eh bien, je vous recommande le compte @préparez_vous_pour_la_bagarre derrière lequel se cache Rose Lamy, auteure de plusieurs livres sur le sujet. 

 

Prenons l’exemple du viol conjugal qui a seulement été légiféré en 1989 en Belgique. Parce qu’avant ça, on parlait de “devoir conjugal”. Ce qui donnait tout le loisir aux époux d’abuser et de violer leurs épouses en toute impunité. Une culture du viol est donc une société où le viol est banalisé, toléré et discuté en fonction des perspectives du violeur et non de la femme violée. 

Violer en toute impunité

 

Les chiffres sont édifiants et glaçants : 

 

  • En France, 250 femmes sont victimes chaque jour de viol ou de tentative de viol. Soit 94 000 femmes par an ! 
  • 1 femme sur 10 est victime de violence conjugale. 
  • Sur 10 plaintes pour violences sexuelles, 7 sont classées sans suite. 
  • Seulement 0,6 % des violeurs sont condamnés. 

 

En plus d’être banalisées et minimisées, les violences faites aux femmes ne sont pas punies. Leur parole est presque toujours mise en cause et le système finit par se retourner contre elles. L’impunité est totale et nauséabonde. La parole des femmes est mise en doute au profit des abuseurs et des violeurs et du système qui les protège.

Je ne le constate que trop en consultation… “Allez porter plainte” dit-on aux femmes… Mais de qui se moque-t-on ? Porter plainte est une démarche difficile, rude, qui force les victimes à se replonger dans leurs agressions. C’est aussi se retrouver face à un système peu formé à l’accueil de la parole des femmes, par des personnes remplies de préjugés patriarcaux et parfois violentes elles-mêmes. Une absurdité totale !

Dans 90 % des cas, les victimes connaissent leur agresseur. C’est quelqu’un de proche, un mari, un père, un frère, un collègue… Le cliché du viol dans la rue en pleine nuit est répandu et pourtant, il ne représente qu’une infime partie des viols. 

 

De plus, le corps des femmes est encore bien trop considéré comme la propriété des hommes et donc comme étant à disposition de ceux-ci. La notion de consentement est encore trop floue et bafouée pour imaginer que les femmes ont, systématiquement, conscience qu’elles subissent des agressions. La honte et la culpabilité qu’elles éprouvent, alimentées par cette culture du viol qui les rend responsables de leurs agressions, les empêchent de porter plainte.

 

Que faire pour lutter contre la culture du viol ?

 

Déjà, interroger nos préjugés, les stéréotypes dans lesquels nous baignons et déconstruire les idées reçues liées au genre. Puis, aussi interroger nos façons d’éduquer les enfants ; les réflexes de la culture du viol se transmettent évidemment par l’éducation. L’interdiction de pleurer, de montrer ses émotions ou d’être doux qui pèse sur les garçons est un vecteur de cette violence et enferme les personnes dans des rôles et des injonctions. 

 

Dire STOP aux idées reçues

 

Les hommes sont enfermés dans les injonctions de solidité, d’être forts, de ne pas pleurer… De ne pas être une femmelette quoi ! Les femmes, elles, sont enfermées dans la soumission, dans l’hystérie, dans l’excès d’émotions…

 

Une enquête de Fisher-Price avait étudié les perceptions des parents qui étaient prêts à acheter des jouets de garçons à leurs filles. Pas l’inverse ! C’est loin d’être anecdotique… On a beaucoup intériorisé tous et toutes que les filles, c’est moins bien que les garçons ! Par exemple, « garçon manqué » peut être positif pour une fille qui joue bien au foot, par contre traiter un homme de « femmelette » ne l’est jamais. La réflexion sur les genres qui s’est amorcée ces dernières années est essentielle et doit impérativement continuer. Malheureusement, elle rencontre encore beaucoup de résistances. 

 

Comme dans tous les changements, admettre que nos idées reçues et nos croyances sont fausses est le point de départ. Cela vaut, évidemment, pour les changements à réaliser par rapport à cette culture du viol. 

 

Rendre aux hommes leur part de responsabilité

 

Si l’on commençait par laisser la responsabilité de l’agression sur l’agresseur, ce serait un bon début. Quand quelqu’un vous dit qu’il s’est fait piquer son portefeuille, vous lui demandez s’il était bien caché ? Vous vous demandez si c’est vrai ? Si la couleur du portefeuille n’était pas trop voyante ? Alors pourquoi avoir ce réflexe quand il s’agit d’agressions sexuelles ? 

 

98 % des violeurs sont des hommes. Les féministes n’inventent rien. Ce sont les faits ! Pourquoi alors leur tomber dessus avec le fameux “pas tous les hommes” ? Ce n’est pas le sujet. Nous menons un combat politique essentiel et devoir accueillir les états d’âmes des hommes revendiquant leur statut de non violeur (les autres, mais pas moi) est épuisant, hors propos et indécent. Messieurs, si vous êtes mal à l’aise, interrogez-vous sur vos comportements, sur vos stéréotypes, sur comment faire pour aider la cause. Mais épargnez-nous le “not all men”. 

 

Quand on dit que les tiques transmettent la maladie de Lyme, on entend personne dire “pas toutes les tiques”. Et, a priori, on va mettre un produit permettant de se prémunir des piqûres de toutes les tiques. Donc, oui, on sait ! PAS TOUS LES HOMMES. Mais évitez de brandir ça aux militantes féministes. Ce n’est absolument pas aidant pour la cause. 

 

Chaque jour, je me surprends à être encore sous l’emprise de certains réflexes patriarcaux et je m’applique à en sortir. Mais c’est un boulot quotidien et j’invite tout le monde à le faire au moins un peu. Nous devons lutter contre tout un système. C’est uniquement en y travaillant dans nos quotidiens que nous y arriverons !

 

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